Je me souviens de la Sorbonne.
Poème un peu long dédié à Sophie Poirot Delpech, ma très chère et très honorée professeure. Et Odradek qui s’en dédie.
Envoi : Mein herr Marquis, Vous êtes un nain moral et je vous ris au nez. Ah ah ah ah, ah ah ah ah, hihihihihihihih! *
Je me souviens de la Sorbonne,
C’était un musée parisien, ou bien,
Une bouteille vide
Pleine de tics administrateurs.
Il y a un livre ouvert là bas, un livre ouvert depuis des siècles,
Qui ne se refermera pas malgré les doigts qui le referment.
Il aime penser à côté. C’est un arbre et une racine,
Une discussion sans fin qui s’aime elle-même.
Dans les couloirs de la Sorbonne
Il y a des gouffres verrouillés
Et des monstres emprisonnés.
Venez applaudir le spectacle!
Il y a la pensée pendouillée!
(le billet coute dix euros
On peut lui jeter des patates)
Il y a l’audace éventrée.
(La séance est à cinq euros
On peut la tartiner de boue)
C’est très joli, c’est très bien fait,
Merveilleusement calculé.
Je me souviens de la Sorbonne,
Je marchais sur ses toits en pente
Suivant la respiration lente
De cette maison bousculée
Par l’armée lâchée. Par l’armée ?!
Par l’armée porcine et bleue
Qui se pressait devant sa porte
Et qui sévit peut-être encore,
En uniforme à gaz moutarde.
Je me souviens de la Sorbonne
Entourée par un mur de fer.
Je me souviens de la Sorbonne
Un peu avant, c’était encore
L’université minuscule
Des petites peurs ridicules,
Grouillant de mycoses peureuses.
Je me souviens de la Sorbonne
Quand c’était encor’ ma maison,
Quand c’était encor’ ma femme
(Je dis Ma car elle est à tous).
Dans cette Sorbonne on voyait
Des fous dormir dans les bureaux
Un vieux Monsieur découpant des journaux
Un autre collectionnant les gobelets
Et même, Ô miracle impensable,
Des tas d’étudiants étudiant,
Des tas d’étudiants étudiant,
Des tas d’étudiants étudiant.
Triturant, malaxant, arrosant, embrassant, souffletant, partageant, traduisant, accouchant, colorant, démasquant, oubliant, retrouvant, maquillant la pensée comme si c’était en même temps un nourrisson et tous les monstres possibles.
On y voit aussi des meubles humains sociopathes qui croient que la Sorbonne est juste à la Sorbonne. Ils pensent que comme eux, c’est un meuble administratif. Pauvres innocents, pauvres petits enfants de Dieu. S’ils la voyaient voler et puis renaître ici ou là. Et puis c’est une Alchimie simple, elle sait penser contre. Son désir est norme et sa norme est désir. La Sorbonne est une idée, une secte, une tradition, une membrane, une chorale, un champ de bataille, un corps fait de couloirs vivants et d’amphithéâtres affamés, et quelque fois, lorsque les violons ont la disgrâce de grincer un peu, c’est aussi une université. C’est une magie fragile et féconde. Lorsque la membrane est desséchée, elle s’effoire avant de tomber en poussière, une poussière qui valse longtemps dans les airs tant le nouveau sol lui parait impropre. Les poussières de la Sorbonne valsent dans les airs et jouent à qui rêve le plus loin.
Ils vont tuer la vieille bête!
Ces petits pantins fanatiques,
Ils vont assassiner grand-mère
Avec un air bureaucratique.
Ils vont vomir, ils vont vomir!
Et tout ensevelir sous leur colique mentale
(La soif de contrôler peut nuire à la santé!).
On va enfin pouvoir en finir avec les humanités et mettre au pas le troupeau de ceux qui ne veulent pas ranger leur chambre comme tout le monde. L’innocence et la masturbation triomphe ! On va mettre au pas papa Sorbonne bobo maman j’ai faim et les huitres sentent le tungstène. Les ministres batifoleraient presque, n’étaient leurs robes guindées. Et puis c’est la loi, quand on étouffe la Sorbonne avec des trolls bleus, Vénus boude, la verve est en berne, la berne est en verve, et l’attrait pend au cou du vide.
Qu’ils valsent les trolls-ministres… Ils ne voient pas dans un coin le petit marmot qui rit en caressant tendrement, de sa petite main de poupon rose la grosse gâchette lustrée de l’arme à feu qui renverra toutes les ardeurs gestionnaires dans l’utérus totalitaire. C’est l’arme à doute, c’est la philia et c’est le temps.
Mein herr Marquis,
Vous êtes un nain moral et je vous ris au nez.
Ah ah ah ah, ah ah ah ah, hihihihihihihihihi.
Réponse du berger à la bergère
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Alexandre Duclos
Le 06 avril 2009